Près de 70 % des décès dans le monde sont liés à des pathologies qui ne se transmettent pas d’une personne à l’autre. Malgré la multiplication des innovations médicales et l’amélioration des systèmes de soins, cette proportion ne cesse de croître depuis vingt ans.
Les facteurs de risque évitables, tels que l’alimentation ou la sédentarité, pèsent bien plus que la génétique dans l’apparition de ces maladies. Pourtant, les mesures préventives restent largement sous-utilisées, même dans les pays à haut niveau de vie.
Plan de l'article
- Pourquoi les maladies non infectieuses représentent-elles un défi majeur pour la santé publique ?
- Panorama des principales maladies non infectieuses : comprendre pour mieux agir
- Facteurs de risque : le rôle clé de l’alimentation, du mode de vie et de l’environnement
- Des habitudes à adopter au quotidien pour une prévention efficace et durable
Pourquoi les maladies non infectieuses représentent-elles un défi majeur pour la santé publique ?
Impossible d’ignorer le poids gigantesque des maladies non infectieuses, aussi appelées maladies non transmissibles (MNT). Leur domination sur la scène mondiale ne fait plus débat : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 43 millions de décès leur sont imputés chaque année. Le phénomène ne se cantonne pas aux pays riches. Au contraire, la majorité des pays en développement sont frappés de plein fouet, avec 80 % des décès prématurés liés aux MNT recensés sur leur territoire. L’équilibre sanitaire se déplace, et la réalité est désormais mondiale.
Le vieillissement démographique et l’urbanisation accélérée renforcent la propagation de ces maladies chroniques, souvent insidieuses mais tenaces. Entre 2006 et 2015, l’OMS a enregistré une progression de 17 % du nombre de morts causés par ces pathologies à travers le globe. Les modes de vie évoluent, les environnements changent, et le terrain s’avère de plus en plus favorable à l’émergence de ces affections.
Pour mieux cerner ce défi, voici les principales familles de maladies non infectieuses et leurs caractéristiques :
- Maladies cardiovasculaires, cancers, diabète, maladies respiratoires chroniques : ces quatre familles représentent la majeure partie de la mortalité liée aux MNT.
- Les risques sont avant tout liés à notre environnement et à nos comportements quotidiens.
La Commission OMS, réunie sous l’impulsion du Dr Tedros à Mascate (Oman), insiste : ces maladies pèsent lourdement sur les systèmes de santé, en particulier dans les pays à faibles ressources. Les budgets consacrés aux traitements dépassent largement ceux alloués à la prévention, alors même que la recherche montre l’impact concret d’une action ciblée sur les facteurs sociaux et environnementaux. Une riposte collective s’impose, articulant innovation scientifique, politiques publiques cohérentes et efforts d’éducation.
Panorama des principales maladies non infectieuses : comprendre pour mieux agir
Les maladies non transmissibles (MNT) recouvrent un vaste éventail de troubles, tous redoutables par leur fréquence et leur gravité. Les maladies cardiovasculaires arrivent en tête : hypertension, infarctus, AVC, insuffisance cardiaque. Leur expansion est favorisée par plusieurs leviers : excès de sel, absence d’activité physique, tabac, vieillissement de la population.
Les cancers constituent un autre pilier. Les plus courants, cancers du sein, du poumon, colorectal, de la prostate, concentrent la majorité des cas. Si chaque cancer a ses particularités, tous partagent une même vulnérabilité au dépistage précoce et à la réduction des comportements à risque.
Le diabète s’étend à grande vitesse, notamment dans les pays à faibles revenus. Ses conséquences, souvent méconnues, incluent cécité, insuffisance rénale, risque accru d’amputation. La lutte contre le diabète s’appuie sur la prévention de l’obésité, l’amélioration de la qualité alimentaire et la promotion de l’exercice physique.
Du côté des maladies respiratoires chroniques comme la BPCO et l’asthme, le danger reste bien réel. La BPCO découle d’abord du tabagisme, tandis que l’asthme, lui, traverse tous les âges et s’aggrave avec la pollution ou une prédisposition familiale.
À la différence des maladies infectieuses telles que la tuberculose, le VIH/sida ou le paludisme, ces affections ne se transmettent pas d’un individu à un autre. D’où l’importance d’une action préventive forte, d’un dépistage systématique et d’un accompagnement global du patient.
Facteurs de risque : le rôle clé de l’alimentation, du mode de vie et de l’environnement
L’alimentation contemporaine, souvent trop chargée en sucres rapides, graisses saturées et sel, prépare le terrain aux maladies non infectieuses. De nombreuses études, menées sur plusieurs continents, établissent le lien entre excès caloriques, obésité et augmentation des cas de diabète ou d’affections cardiovasculaires. À l’inverse, la précarité prive encore des millions de personnes d’une alimentation riche en nutriments, renforçant leur vulnérabilité face au cancer ou à l’hypertension.
Le mode de vie vient ajouter sa pierre à l’édifice. Le tabagisme demeure le principal facteur de risque comportemental. Viennent ensuite l’usage immodéré d’alcool et la sédentarité. Le développement urbain, synonyme de trajets motorisés et de temps passé devant les écrans, diminue l’activité physique des populations. D’après l’OMS, la sédentarité et les habitudes nocives creusent les inégalités en matière de mortalité liée aux maladies non transmissibles.
L’environnement complète ce trio. Respirer un air pollué, au quotidien, intensifie le risque de maladies respiratoires chroniques. Les populations les plus fragiles, souvent dans les pays à faibles revenus, cumulent les obstacles : alimentation déséquilibrée, logement dans des quartiers exposés aux polluants, accès restreint aux soins.
Voici les principaux facteurs à surveiller pour réduire le risque de maladies non infectieuses :
- Tabac : la première cause évitable, responsable d’un lourd tribut.
- Régime alimentaire déséquilibré : un accélérateur discret mais redoutable.
- Sédentarité : un allié silencieux du développement de la maladie.
- Polluants environnementaux : des menaces omniprésentes, parfois invisibles.
Agir sur ces leviers implique une mobilisation de tous : pouvoirs publics, acteurs privés, citoyens. L’enjeu dépasse la sphère individuelle pour toucher toute la société.
Des habitudes à adopter au quotidien pour une prévention efficace et durable
Adopter une alimentation équilibrée constitue la première pierre d’une stratégie préventive aboutie. Miser sur les fruits, les légumes, les céréales complètes, les protéines maigres et les huiles végétales. Réduire la consommation de produits ultra-transformés, riches en sucres ajoutés et en graisses saturées, permet de limiter le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires.
L’activité physique régulière s’impose comme une mesure accessible à tous. L’OMS recommande au moins 150 minutes d’exercice modéré par semaine. Qu’il s’agisse de marche, de natation, de vélo ou simplement de privilégier les escaliers, chaque geste compte. Les bénéfices dépassent largement la santé cardiaque ou le contrôle du poids : ils s’étendent à la prévention de certains cancers, à la régulation du diabète et même à l’équilibre psychologique.
Réduire le tabac et la consommation d’alcool reste une étape décisive. Chaque cigarette abandonnée, chaque verre de moins, diminue la probabilité de complications. Le dépistage précoce, hypertension, diabète, cancers fréquents, complète ce tableau. Les campagnes de sensibilisation, particulièrement dans les pays où le risque de décès prématuré demeure élevé, ont déjà montré leur efficacité.
Enfin, l’action collective a son rôle à jouer. Les gouvernements, les entreprises, la société civile et les ONG peuvent transformer l’environnement quotidien : développer des espaces verts, faciliter l’accès à des soins préventifs, intégrer la prévention dans la couverture santé universelle. Autant de leviers pour infléchir le cours des maladies non infectieuses et bâtir une société où la santé ne serait plus un combat solitaire, mais une ambition partagée.
Changer nos habitudes, faire front collectivement et investir dans la prévention : le futur de la santé publique se dessine ici, à la croisée des choix individuels et des engagements collectifs. Qui osera saisir cette chance de réécrire la suite ?

