Vaccin zona : pourquoi est-il recommandé aux personnes âgées ?

Un virus tapi dans l’ombre, prêt à bondir des décennies après avoir semé la varicelle dans l’enfance : le zona ne prévient jamais. Une douleur aussi brutale qu’inattendue, le long d’un nerf, et soudain la vie bascule. Qui aurait cru que ce souvenir d’enfance pouvait, des années plus tard, se transformer en une épreuve redoutable pour les plus de 60 ans ?

Qu’est-ce qui pousse ce virus à patienter dans le silence, pour frapper précisément au moment où la vie ralentit ? Et comment une simple injection peut-elle venir bouleverser la donne et redonner aux seniors une longueur d’avance ? Décryptage d’une énigme médicale où l’anticipation change le scénario.

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Le zona, une menace silencieuse pour les seniors

Chaque année en France, le zona rattrape entre 230 000 et 300 000 personnes, frappant surtout les séniors de 65 ans et plus. Derrière cette pathologie se cache la réactivation du virus varicelle-zona (VZV) — un membre discret mais redoutable de la famille des herpesviridae —, qui s’était installé lors de la varicelle pendant l’enfance. Pendant des années, il sommeille dans les ganglions nerveux, jusqu’au jour où, profitant d’un affaiblissement des défenses immunitaires, il ressurgit sous la forme d’une éruption cutanée douloureuse.

Mais réduire le zona à quelques vésicules serait une erreur. Cette maladie s’accompagne bien souvent de douleurs post-zostériennes qui s’incrustent des mois, parfois des années durant. Ces névralgies post-zostériennes hantent le quotidien de nombreux seniors et pèsent lourdement sur leur qualité de vie.

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  • Environ 2 600 hospitalisations chaque année sont attribuées au zona dans l’Hexagone.
  • Les complications ne s’arrêtent pas aux douleurs : infections bactériennes secondaires ou encore dissémination à divers organes guettent les personnes les plus fragiles.

La gravité du zona chez les seniors s’explique par la multiplication des complications, qui peuvent aller jusqu’à mettre la vie en jeu, surtout après 70 ans. Derrière une simple éruption, c’est parfois une véritable bombe à retardement qui menace l’autonomie des personnes âgées.

Pourquoi le risque augmente-t-il avec l’âge ?

En avançant dans la vie, le système immunitaire encaisse les années : c’est l’immunosénescence. Cette fatigue progressive des défenses ouvre la porte à la réactivation du virus varicelle-zona. Installé dans les ganglions nerveux depuis l’enfance, le virus guette la moindre faiblesse pour réapparaître.

Le zona devient de plus en plus fréquent à partir de 50 ans, avec un pic chez les octogénaires. Plusieurs raisons expliquent cette hausse du risque :

  • affaiblissement naturel de l’immunité ;
  • présence de maladies chroniques comme le diabète, l’insuffisance rénale ou le cancer ;
  • traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, chimiothérapie, etc.) ;
  • fatigue chronique ou stress répété.

Ce risque de zona ne s’arrête pas à la vieillesse : les adultes immunodéprimés, quel que soit leur âge, paient aussi un lourd tribut. VIH, polyarthrite rhumatoïde, maladies inflammatoires de l’intestin… le tableau clinique se complique, les séquelles se multiplient.

En France, les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 40 % de la population connaîtra le zona un jour, avec une majorité de cas après 65 ans. Prévenir l’infection et ses conséquences chez les seniors devient alors un véritable enjeu de santé publique, pour préserver leur liberté de mouvement et leur bien-être quotidien.

Ce que la vaccination peut réellement changer après 65 ans

Avec l’arrivée du vaccin Shingrix, la stratégie de protection contre le zona prend un nouveau visage. Depuis 2023, la Haute Autorité de santé recommande ce vaccin recombinant, équipé d’un adjuvant, pour les 65 ans et plus, ainsi que pour les adultes immunodéprimés à partir de 18 ans. Les chiffres sont parlants : 79,3 % d’efficacité contre le zona, 87 % contre la névralgie post-zostérienne, ce fléau qui mine tant de seniors.

Shingrix s’impose largement face à son prédécesseur Zostavax, qui, moins efficace et formellement déconseillé chez les immunodéprimés, a tiré sa révérence en juin 2024. La vaccination se déroule en deux temps : deux doses à 2 à 6 mois d’intervalle. Pratique, l’injection peut avoir lieu en même temps qu’un vaccin contre la grippe, le pneumocoque ou le dTcaP.

En limitant la survenue du zona et de ses séquelles, la vaccination réduit les hospitalisations (2 600 chaque année en France) et aide à préserver l’autonomie. Les effets secondaires ? Rougeur, douleur sur le bras, petite fièvre ou fatigue : des désagréments modestes, fugaces. Médecins, pharmaciens, infirmiers ou biologistes médicaux sont habilités à prescrire et administrer le vaccin.

  • Remboursement : 65 % par l’Assurance maladie depuis décembre 2024.
  • Indication : prévention du zona et de ses complications pour les 65 ans et plus, et les adultes immunodéprimés.

Même avec ces avancées, la couverture vaccinale reste perfectible. À présent, l’enjeu est d’informer, d’inciter, et d’intégrer ce geste préventif dans les habitudes des seniors.

vaccin  personnes âgées

Questions fréquentes et idées reçues sur le vaccin zona

Le vaccin zona protège-t-il vraiment contre les complications tardives ?

La vaccination avec Shingrix réduit nettement le risque de névralgie post-zostérienne, la complication la plus redoutée du zona. Mais ce n’est pas tout : des études internationales signalent aussi une réduction de 17 à 20 % du risque de démence chez les personnes vaccinées. Un bénéfice inattendu, alors que la démence menace jusqu’à 40 % de la population au fil des décennies.

Qui doit se faire vacciner ?

En France, la vaccination contre le zona s’adresse :

  • aux personnes de 65 ans et plus ;
  • aux adultes immunodéprimés à partir de 18 ans (cancers, VIH, traitements immunosuppresseurs).

Ailleurs, comme aux États-Unis ou au Pays de Galles, la vaccination commence parfois dès 50 ans, voire 19 ans pour les immunodéprimés.

Les effets indésirables sont-ils préoccupants ?

Dans la majorité des cas, les réactions restent anodines : douleur à l’injection, rougeur, fièvre légère, fatigue. Quant au syndrome de Guillain-Barré, cette complication neurologique rare, il n’a pas été rapporté en France après vaccination avec Shingrix.

Le vaccin zostavax est-il encore utilisé ?

Ce vaccin vivant atténué, d’efficacité inférieure (45,9 %) et contre-indiqué chez les immunodéprimés, a quitté le marché français en juin 2024.

Les recommandations évoluent : la meilleure protection passe par une information actualisée, et le dialogue avec un professionnel de santé. La prévention n’attend pas, pas plus que le virus.